Les choix urbains, paysagers et architecturaux
François Grether
architecte-urbaniste coordonateur
Jacqueline Osty
paysagiste
OGI
bureau d’études
Le projet Clichy-Batignolles crée un grand parc entouré de programmes immobiliers aux fonctions diverses, aménage de nouvelles liaisons entre les quartiers limitrophes et accueille le futur palais de justice de Paris. L’ancienne enclave devient un espace ouvert, traversant et animé, où la présence du fer est rendue compatible avec la qualité du cadre de vie.
Recoudre la ville
La création d’un grand parc de 10 ha, soit une superficie voisine de celles du parc Monceau (8 ha) ou du parc André Citroën (13 ha), vient aérer un nord-ouest parisien jusqu’ici peu doté en espaces verts. Ouvert et traversant, ce nouvel espace rapproche les quartiers des Batignolles, des Épinettes, de Monceau Pereire et des Hauts-de-Malesherbes.
Le parc est en effet conçu comme un trait d’union entre les quartiers avoisinants. Ses allées sont situées dans le prolongement des rues existantes ; il offre 14 entrées et sorties, reliant entre elles la rue Cardinet, l’avenue de Clichy et le boulevard Berthier.
La Petite Ceinture, franchissable en deux points, traverse le parc au milieu d’un grand bassin qui la met à distance du public. Un pont et une passerelle enjambent le faisceau ferroviaire Saint-Lazare. La ligne de RERC, parallèle au boulevard Berthier, cesse d’être un obstacle : son coffrage permet de créer une voirie nouvelle débouchant sur le boulevard.
La création de voiries nouvelles est délibérément limitée (12% des surfaces). La pression de l'automobile et l'imperméabilisation du sol sont ainsi contenues, l'animation commerciale est concentrée sur un nouvel axe nord-sud parallèle au faisceau ferroviaire et connecté aux grands axes existants qui ceinturent le site.
Les services ferroviaires et urbains resserrés le long des infrastructures
Les activités de maintenance ferroviaire, qui occupaient l’espace de manière très extensive, sont resserrées le long du faisceau Saint-Lazare, sous une dalle en surplomb des voies ferrées, socle de futures constructions. D’autres activités (centrale à béton, centre de fret, centre de tri des déchets, parc de stationnement pour autocars) seront concentrées au nord du site, le long du boulevard périphérique et des voies ferrées. Elles seront ainsi directement connectées aux infrastructures de transport afin d'éviter la circulation des camions à l'intérieur de la ville.
Un projet contextuel
Réussir la greffe urbaine est l’un des enjeux majeurs du projet. Celui-ci doit composer avec la topographie complexe d'un site traversé par les infrastructures de transport. Sa morphologie répond aux injonctions variées du contexte dans lequel il s’inscrit.
Au sud , le grand parc central s’ouvre sur la ville par un long mail planté parallèle à la rue Cardinet, en écho au square des Batignolles voisin.
À l’est , où un certain nombre d’immeubles sont conservés, les programmes neufs de logements s’accrochent par leur géométrie aux îlots existants sur l’avenue de Clichy.
A l’ouest , la grande dalle parallèle au faisceau Saint-Lazare accueille une pièce urbaine dense à programmation mixte traversée par la voie principale du quartier ; les logements donnent sur le parc ou le square des Batignolles, tandis que les bureaux sont situés le long de la voie ferrée pour faire écran au bruit. Le relief créé par le remblai historique et la dalle confère à cet ensemble une position de surplomb évoquant une nouvelle butte dans le paysage parisien.
De l’autre côté des voies , l’îlot Saussure reçoit également une programmation de bureaux le long du faisceau ferré, la fonction résidentielle étant tournée vers la rue de Saussure et le boulevard Pereire.
Au nord , entre le boulevard Périphérique, le boulevard Berthier et la Porte de Clichy requalifiés, autour de la tour signal du futur palais de justice de Paris (160 m) et d’une offre de transports en commun renforcée, une nouvelle centralité s’installe, rayonnant à la fois sur Paris et Clichy. Les services urbains (centre de tri des déchets recyclables, terminal de collecte pneumatique, base fret, centrale à béton) seront nichés au plus près du boulevard Périphérique et des voies ferrées.
Le parc, une nouvelle vision de la nature en ville
Nouveau venu dans la famille des parcs et jardins de la capitale, le parc Martin Luther King conçu par la paysagiste Jacqueline Osty, s’y imposera par sa taille, mais aussi par son originalité. C’est en effet une vision très contemporaine de la nature en ville qui s’exprime ici, non plus hygiéniste et contenue comme à l’époque d’Haussmann et d’Alphand, mais proche et libérée, qui s’insère entre les volumes bâtis, au plus près des immeubles et diffuse vers la ville existante. L’autre originalité du parc consiste à combiner la « délectation paysagère » que procurent des paysages et des ambiances variées avec une offre très généreuse d’équipements ou de lieux permettant de pratiquer des sports urbains, lesquels font nettement défaut dans les parcs « historiques ».
L'ambiance du parc diffuse au-delà de lui-même, par la présence de végétaux dans les voiries qui le longent où y mènent. Les grands axes existants, rue Cardinet, avenues de Clichy, de la Porte de Clichy et boulevard Berthier, sont requalifiés en avenues urbaines.
L’espace public, sobre et calme
Les espaces publics autres que le parc (rues, places) sont peu nombreux afin de limiter l’imperméabilisation des sols et de concentrer l’animation sur quelques axes. Les matériaux employés sont ceux des rues parisiennes (asphalte et granit pour les trottoirs, enrobé pour les chaussées et granit pour les bordures).
Les rues étant conçues pour être partagées de manière équitable entre tous les usagers, des zones 30 ou des zones de rencontre (vitesse limitée à 20 km/h) et un tracé sinueux ralentissent la vitesse et dissuadent le transit. La végétation est mise à contribution pour structurer l’espace : elle guide les parcours, dissuade les stationnements sauvages et contribue à la sécurité des piétons. Arbres et arbustes de tailles et d’essences variées sont implantés en fonction des besoins : ralentissement, visibilité, ombre, sécurité, etc., tranchant résolument avec le schéma classique des arbres d’alignement.
Une silhouette urbaine originale
Depuis juillet 2011, la révision simplifiée du PLU a relevé la hauteur maximale autorisée des constructions dans la ZAC Clichy-Batignolles. Ainsi, le futur palais de justice atteindra 160 m et constituera un repère urbain à l’échelle du grand paysage. Les immeubles de logements côté parc pourront quant à eux atteindre 50 m (restant en deçà du seuil de l’immeuble de grande hauteur), au lieu des 37 m qui s’imposaient jusqu’alors.
Cette évolution réglementaire, propre à Clichy-Batignolles et quelques autres secteurs d’aménagement, permet de concilier densité et qualité urbaine, par la modulation des gabarits, les perspectives généreuses et le découpage d’une silhouette reconnaissable, concourant à l’identité du quartier.
Une création architecturale témoin de son temps
Clichy-Batignolles encourage la création et la diversité architecturales. Le futur quartier veut offrir ce que l’architecture contemporaine conçoit de meilleur, dans un contexte d’exigences environnementales très élevées et en reflétant la pluralité culturelle et esthétique de l’époque actuelle. Les modalités de conception varient selon les contextes et les enjeux propres aux différents secteurs. Sur la partie est, aux îlots découpés et connectés au tissu existant, chacun des projets a fait l’objet d’un concours d’architecture. La partie ouest, porteuse d’un enjeu de silhouette urbaine particulier avec l’intégration de la hauteur et un linéaire de près de 600 m de façades sur le parc et le réseau ferré, est conçue de manière collégiale dans le cadre d’un atelier réunissant l’ensemble des maîtres d’ouvrage et maîtres d’œuvre concernés.
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Réalisation d'un pont circulé et d'une passerelle piétonne
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